Paris. Dans une telle fourmilière, difficile de trouver sa place.
Ici, de sombres tunnels ouvrent leurs gueules béantes et engloutissent des métros remplis de gens qui crient, poussent, soupirent, parfois s’insultent ; on meurt de chaud mais dehors, la pluie bat le pavé, tant et si bien que, le nez dans le guidon, on se hâte de retrouver un douillet cocon, sous les toits, un peu humide peut-être, et pas bien grand c’est certain, mais dans lequel on se sent si bien. Parce qu’enfin, même si le ciel est gris, on a la chance d’être à Paris.
On a beau l’aimer cette ville, elle a parfois l’effet d’un amant occasionnel qu’on a trop fréquenté. On veut la fuir, s’en dépêtrer, partir loin, pourquoi pas au soleil tiens, partir pour ne jamais revenir.
Il y a un an pourtant, après l’un de ces voyages initiatiques où l’on plaque tout pour se chercher, j’ai retrouvé la fourmilière. Enivrée de grandes étendues arides, de montagnes majestueuses, de paysages du bout du monde, le cœur léger, et l’esprit libre, je suis rentrée.
Aujourd’hui, j’habite un minuscule appartement : si dans ma tête il y a de la place pour 100, je peux bien faire l’impasse sur les m². J’ai un job normal, des angoisses normales, une famille normale – quoi que. Bref, je suis une fille normale.
Et moi aussi j’ai besoin de m’exprimer ! Je ne suis ni écrivain, ni journaliste, ni même blogueuse.
Ce matin, en sortant du métro, je me suis seulement pris une vague de café brulant sur mon jean et mon tee-shirt. Comme tombé du ciel, en un courant d’air, pour me souhaiter une bonne journée. Ne me demandez pas d’où elle venait, je n’en ai strictement aucune idée car évidemment, pas une âme pour s’arrêter ni s’excuser. J’arrive au bureau, trempée, dépitée, je ferme la porte – j’ai encore la chance d’être seule – et je laisse exploser ma colère en déversant un torrent de larmes. Pas très virile j’en conviens, mais oh je suis quand même couverte de café !
Alors voilà, dois-je le remercier cet illustre inconnu ? D’avoir déclencher en moi ce déclic ? De m’avoir poussée à poser enfin les mots qui depuis trop longtemps me trottent dans la tête ? D’avoir été la petite goutte, de café, qui a fait déborder le vase ?
Car aujourd’hui, plus que jamais, je la sens vivre en moi, cette petite voix qui doucement me dit : « Ecris. Ecris sur tous tes tics, tes tocs, tes joies, tes craintes, ta ville, tes voisins, tes coups de gueule mais aussi tes coups de cœur. Ecris tant que tu peux, écris tant que tu veux. »

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